La résection endoscopique de prostate
Cette intervention visant à traiter les symptômes de l’adénome de prostate est également appelée « résection trans-urétrale de prostate (RTUP) ».
100 000 Français subissent chaque année cette intervention, qui est la plus courante, puisqu’elle concerne 90 % des sexagénaires opérés de la prostate.
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- Vue endoscopique de la loge prostatique au cours d’une résection de prostate
- Dr Alain Herard / urologie-courlancy.com
Indications
Cette intervention chirurgicale est indiquée :
- lorsque le traitement médical n’est plus efficace et/ou que ses effets secondaires sont trop invalidants pour le patient.
- lorsque le patient présente des complications liées à l’adénome de prostate.
- Hématurie
- Rétention urinaire aiguë ou chronique (résidu post-mictionnel > 200cc)
- Infections urinaires récidivantes
- Hydronéphrose (dilatation des cavités rénales)
- Insuffisance rénale
Vérifications avant l’intervention
Vérifier la stérilité des urines par la réalisation d’un ECBU.
Malgré la réalisation d’une antibio-prophylaxie par voie veineuse qui est systématiquement réalisée au bloc opératoire avant le début de la résection, la présence d’une infection urinaire contre-indique en effet l’intervention car elle exposerait le patient à un risque de prostatite aigüe potentiellement grave (choc septique).
Vérifier l’absence d’anomalie de la coagulation par un bilan sanguin. On s’assure également que la prise d’anti-agrégant plaquettaire ou d’anticoagulant a été arrêtée depuis plusieurs jours ou éventuellement modifiée en fonction des impératifs cardiologiques (coronaropathie, troubles du rythme), pulmonaire (embolie), ou vasculaire (phlébite, artérite, AVC).
Technique opératoire
Il s’agit de retirer l’adénome prostatique grâce à l’introduction d’un résecteur par les voies naturelles. L’intervention est réalisée sous anesthésie générale ou loco-régionale. Cette chirurgie n’est envisageable que si le volume prostatique est inférieur à 100g.
La zone de transition qui est responsable de l‘obstruction de l’urètre sera découpée grâce à une anse électrique (copeaux par copeaux) créant ainsi une loge qui permettra d’améliorer la vidange vésicale.
Une irrigation continue de l’urètre pendant l’intervention permet la conduction du courant électrique et facilite la vision de la vue endoscopique
Les fragments opératoires (copeaux) sont systématiquement analysés en anatomopathologie pour vérifier la nature histologique.
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- Copeaux prostatiques au cours d’une résection endoscopique de prostate
- Dr Alain Herard / urologie-courlancy.com
Le lavage vésical est arrêté dès que les urines sont claires.
Des spasmes dus à des contractions du muscle vésical (détrusor) sont fréquents les premiers jours mais bien calmés par les anticholinergiques et/ou les myorelaxants.
La sonde vésicale est laissée en place au moins 2 jours.
Suites post-opératoires habituelles
Des urines rosées (hématurie) peuvent persister encore 2 à 3 semaines imposant ainsi une hydratation d’au moins 2l d’eau par jour. On évitera les efforts importants et les rapports sexuels pendant le premier mois afin de ne pas majorer les saignements.
Les mictions peuvent être douloureuses avec des brûlures au niveau du méat principalement en fin de miction. Ces dernières disparaissent en 3- 4 semaines dès que la loge de résection est cicatrisée.
Pour les mêmes raisons, des impériosités (mictions pressantes) peuvent être présentes pendant cette phase post-opératoire de cicatrisation.
Une éjaculation rétrograde (le sperme remonte de façon indolore dans la vessie pendant l’éjaculation) est présent dans 80 % des cas.
La qualité de l’érection reste le plus souvent inchangée après cette intervention.
Un traitement anti-coagulant est prescrit en post-opératoire (prévention du risque de phlébite) ainsi qu’un traitement antalgique mineur (paracétamol).
Complications éventuelles
Complications | Traitement |
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Caillots vésicaux par chute d’escarre | Lavage de vessie |
Rétention d’urine | Pose d’une sonde vésicale |
Infection urinaire | Antibiothérapie |
Rétrécissement urétral | Dilatation de l’urètre |
Phlébite | Héparine sous-cutanée |
Fuites urinaires transitoires | Rééducation périnéale |
Suivi post-opératoire
La consultation post-opératoire intervient en général à 6 semaines pour évaluer l’amélioration des symptômes urinaires et vérifier l’absence d’infection urinaire.
Si un cancer est diagnostiqué sur les copeaux de résection plusieurs options thérapeutiques seront alors proposées.
La résection endoscopique de l’adénome (zone médiane de la prostate) n’empêche pas un éventuel cancer d’apparaître ultérieurement au niveau de la zone périphérique. Une repousse de l’adénome peut également se produire 10-15 ans après l’intervention, avec réapparition de la gêne urinaire. Le suivi annuel par le médecin traitant reste donc essentiel.